La galerie des portraits

On commence le sport à 6 ans.
Au début, c’est un jeu d’enfants, on est avec les amies et les amis, on passe son temps à rire sur les tatamis pendant que progressivement ton professeur de judo devient ton 2ème père, il voit en toi quelque chose que toi-même tu ne vois pas.
Les années passent et puis un jour, tu ramènes ta 1ère médaille dans un championnat … tu te dis chouette et sans avoir dis ouf tout s’enchaîne, on commence à parler de toi à te dire « tu devrais être dans cette catégorie là ou là ».
Quel sport étude tu devrais prendre ou pas.
Tu restes constante toujours sur les podiums et puis jamais de blessures.
Un jour tu n’arrives pas à passer un cap, tu te frustres et tu te dis aller c’est terminé.
Tu laisses derrière toi toutes ces années mais tu regardes toujours les JO et le grand SLAM de Paris et tu as toujours l’adrénaline qui est la.
Et puis tu te relances, tu te dis pourquoi pas.
.. 1er tournoi tu rentres chez toi et tu restes 2 jours sur le canapé, tu as mal, tu peux plus bouger.
Tu viens de rentrer chez les vétérans après 7 ans d’absence.
Tu enchaînes les entraînements 15h par semaine.
Tu redécouvres les 3ème mi-temps et ton corps est en carton constamment.
Arrive les championnats d’Europe, explosion, une 3ème place dans un championnat dominé par les russes et les allemands.
L’aventure est belle, on continue.

Sur cette photo, je suis dans la chambre d’appel, j’attends mon combat pour la 3ème place des championnats du Monde. Le combat de l’autre 3ème place vient de finir et je sais que l’anglaise que j’ai battue au 1er tour vient de le gagner. Impossible que je perde.
Je m’avance mon adversaire est une espagnole, punaise elle joue locale !!!! Elle va avoir le public avec elle. J’entends le clan français, on est nombreux.
Amine s’avance vers moi, on se connait depuis 20 ans « elle est pour toi » me dit-il.
Je monte, ma mère fête son anniversaire ce jour-là, ma sœur est devant son écran en salle des professeurs, j y vais.
15 secondes, j’avance elle est plus petite que moi j’arrache un osoto-gari.

 

C’est terminé. J’ai ma médaille.
Je sais que ma mère pleure en backstage.
Je pleure aussi, j’ai mal partout, je veux aller me coucher avec un bon cappuccino plein de crème fouettée.

J’ai réussi.
Mon club a réussi.
Fin du game.

Nancy Brochard
Malaga 2014

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